Sœurs de
Saint François d'Assise

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Le vieillissement dans l’Institut

Regards croisés Europe / Afrique.

Oser parler du vieillissement sans se faire peur mais au contraire pour mieux soigner nos relations, jeunes sœurs et sœurs aînées ! Voilà notre défi et le désir qui nous lie toutes ensemble, unies par la même consécration à Dieu, qui fait de nous des missionnaires de l’Évangile…

Sans vouloir opposer la région Afrique, si riche par sa jeunesse, et l’Europe édifiante par le nombre de ses aînées, parler du vieillissement dans notre Institut nous ouvre à la beauté du vivre ensemble et au joyeux défi du « vivre fraternel » intergénérationnel et interculturel. La prise de conscience de la réalité du vieillissement sur le continent africain vient lever les tabous et nous pousse à une réflexion lucide et courageuse sur l’urgence de la sensibilisation des plus jeunes au bien vieillir et sur l’engagement solidaire à l’égard de nos aînées. Cela vient indéniablement provoquer aussi un élan nouveau pour le continent européen et surtout pour tout l’Institut !

En Europe, l’accompagnement de nos sœurs dans nos communautés d’aînées requiert la compétence de laïcs dévoués, que ce soient des personnels salariés, des prestataires d’entreprises d’aides à domicile ou des bénévoles, apportant un souffle vivifiant pour chacune. Ensemble, avec les sœurs responsables, ils contribuent à mettre en œuvre des projets de maison pour permettre à nos sœurs âgées de vivre le plus longtemps possible chez elles, entourées par l’affection de leurs propres sœurs.

De belles rencontres enrichissantes pour chacune ont lieu également lors de propositions de partages autour de récits de vie, d’ateliers d’écriture portant sur l’histoire familiale, la « jeunesse missionnaire » de nos sœurs aujourd’hui en maisons d’aînées mais qui poursuivent l’audace missionnaire par la profondeur des contacts qu’elles continuent de provoquer et qu’elles portent dans la prière. Une sœur âgée à Avignon s’exclamait : « Ne nous complexons pas !   Nous sommes d’abord missionnaires par la prière. Ce n’est pas parce que nous allons sur les places publiques que nous sommes davantage missionnaires. Nous sommes également missionnaires par l’attention que nous avons les unes à l’égard des autres, par les mots que nous échangeons avec le personnel soignant. »

Pour renforcer le lien avec l’Institut et continuer d’apporter à nos sœurs aînées une nourriture spirituelle consistante, deux équipes de sœurs responsables de ”l’animation spirituelle des sœurs aînées” en Europe et en Afrique  assurent visites fraternelles, accompagnements individuels et ressourcements communautaires (retraites animées ou sorties-pèlerinages). Quel bonheur d’être ainsi témoin de la joie qui continue de rayonner dans nos aînées, de constater combien elles gardent pour la plupart cette soif de rendre de petits services à leur portée, cette soif de rencontres, de partages, de liens avec l’Institut et surtout le souci des vocations. Femmes devenues davantage contemplatives, elles nous apprennent chaque jour ce que “l’esprit missionnaire” signifie, rien de moins que réaliser le projet d’amour du Père sur toute l’humanité ou plus précisément “révéler la tendresse de Dieu pour tout homme”. Qui dira alors que vieillir diminue ce puissant appétit de vivre qui nous habite ?

Il est magnifique de voir combien l’Institut est à l’écoute de l’Esprit Saint. Le forum sur le vieillissement pour les sœurs de moins de 60 ans en région Afrique a été expression de joie chez toutes les participantes. Ce temps de réflexion si riche a été partagé avec les sœurs Clarisses d’Aképé Lomé et celles de la Providence de Saint Paul de Kara. C’est très interpellant dans la réalité de la vie au quotidien de poser des jalons pour le futur. Prendre conscience qu’à tout âge, l’ombre de la vieillesse nous accompagne, qu’on le veuille ou non. Il est temps de se préparer à l’accueillir et à l’assumer. Vieillir dans le contexte africain est une bénédiction, un émerveillement, un don, une grâce à accueillir. Nos sœurs aînées, sources d’inspiration, sont entourées par les jeunes sœurs et partagent le quotidien dans nos différentes fraternités. L’âge avancé nous questionne. Bien vieillir nous renvoie à notre vie de jeunesse ; « Qui veut bien vieillir commence par se préparer pour bien vieillir ». Il est important de prendre le temps de s’arrêter pour regarder son ombre, quel est son déplacement et de l’accepter. La vieillesse est un état caractérisé par le lâcher-prise et la jeunesse par la combativité. A travers ce forum les sœurs se sont mises à l’école pour apprendre à bien vieillir, à savoir être et à s’intéresser davantage aux personnes du troisième âge.

Article rédigé par sœur Marie-Claude PATOISEAU et sœur Christine Florence BARTCHE

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