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La minorité franciscaine

La minorité franciscaine dans la première Règle de François d’Assise

Dans sa première Règle (Rnb 6,3), François d’Assise écrit : « que tous soient appelés frères mineurs et qu’ils se lavent les pieds l’un à l’autre. » Il retient donc la « minorité » comme caractéristique pour son ordre naissant. Cette caractéristique est tellement importante pour lui qu’en latin, l’adjectif minor est placé avant le nom frère. Quelle est donc cette minorité si chère à François ?

La minorité selon François : « Se faire petit »

Dans le langage courant, la minorité s’oppose à la majorité. Pour François, et par extension pour les franciscains et franciscaines, elle a une autre acception : il s’agit de « se faire petit », comme Jésus-Christ lui-même s’est fait petit, de sa naissance à sa mort sur la croix. Et c’est bien ce que François écrit dans sa première Règle : « que tous soient appelés frères mineurs et qu’ils se lavent les pieds l’un à l’autre. » Cette appellation de « mineurs » est étroitement liée au fait de se laver les pieds l’un à l’autre, comme Jésus l’a fait pour ses disciples. La minorité se vit au quotidien dans le service du frère, du prochain, de l’autre que je rencontre.

La source divine de la minorité franciscaine

La source de la minorité franciscaine est en Dieu lui-même : Lui, infiniment grand, s’est abaissé pour nous rejoindre dans notre humanité. Et non seulement Il s’est abaissé, mais Il a choisi de se faire le plus petit de tous.

François et la pauvreté du Christ

François a été frappé par le texte de saint Paul (2 Cor 8,9) qui présente le mystère de l’incarnation du Verbe en ces termes : « le Seigneur Jésus-Christ s’est fait pauvre pour vous, de riche qu’il était… ». Aussi, à plusieurs reprises, il parle « du Fils du Dieu tout-puissant, qui, riche par-dessus tout, voulut choisir… la pauvreté… » (1 Reg 9,5s ; 2 Reg 6,3 ; LFid 5). Pour François, la première et fondamentale pauvreté-humilité de l’Homme-Dieu (1 Adm, 16-18) est l’incarnation : « comme lorsque, des trônes royaux, Il vint dans le sein de la Vierge ».

La kénose de Dieu dans l’eucharistie

Elle s’exprime encore aujourd’hui dans chaque eucharistie, où Lui, « Dieu et Fils de Dieu, se rend présent dans un petit morceau de pain » (LOrd 27-28). Devant cette descente, cette « kénose » de Dieu, François crie sa stupéfaction : « Ô humilité sublime ! Ô humble sublimité ! Voyez, frères, l’humilité de Dieu, humiliez-vous, vous aussi. »

L’humilité de Dieu, un enseignement toujours actuel

Découvrir l’humilité de Dieu dans l’eucharistie et en parler comme le fait François n’était pas courant à son époque. Nous le redécouvrons depuis une dizaine d’années, notamment à travers ce cantique (Regardez l’humilité de Dieu), souvent chanté lors de la messe et qui reprend les paroles de François dans sa Lettre à tout l’Ordre.

L’appel à vivre la minorité au quotidien

Cette humilité de Dieu, cette minorité, nous engage au quotidien dans la suite du Christ. Comment puis-je adopter une posture ou une attitude de supériorité lorsque le Christ a, lui, choisi délibérément la dernière place ? Comme au soir de la Cène, nous sommes invités par le Christ : « que celui qui est le plus grand (maior) parmi vous soit comme le plus petit (minor) »1 et par François : « et que celui qui est le plus grand (maior) parmi eux devienne comme le plus petit (minor). »2

Article rédigé par sœur Pascale BONEF

  1. Luc 22,26 ↩︎
  2. Rnb 5, 9-11 ↩︎

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