François et Léon, ces deux prénoms sont intimement liés dans la famille franciscaine. A tel point que lorsque le pape Léon XIV est apparu au balcon, place st Pierre, à Rome, nous, franciscains, n’avons pas pu nous empêcher de penser à frère Léon.
Mais connaissez-vous frère Léon ?
Léon est dit d’Assise, ou de Viterbe, nul ne sait exactement d’où il vient. Ce qui est certain, c’est qu’il a rejoint François dès l’approbation de la première Règle des Frères Mineurs par Innocent III, vers 1209, alors qu’il était déjà prêtre. Il en est vite devenu un des plus proches compagnons. Les sources le décrivent comme « un homme d’une simplicité de colombe », ce qui lui valut d’être surnommé avec tendresse par François « petite brebis de Dieu ».
Frère Léon occupé deux fonctions importantes auprès de François. Il était le secrétaire et confident de tous les instants. À partir d’environ 1220 et jusqu’à la mort de François en 1226, Léon fut son compagnon constant. Cette proximité lui a permis d’être un témoin privilégié des moments les plus intimes de la vie de François.Frère Léon était également le confesseur de François, ce qui témoigne d’une confiance profonde
Léon a accompagné François lors d’événements cruciaux de sa vie, notamment lors de sa retraite à Fonte Colombo près de Rieti en 1223, où François réécrivit la règle de l’ordre. En fait, François dictait et Léon écrivait… ; puis il a accompagné François à Rome pour obtenir l’approbation de cette règle par le Pape ; il était encore avec François sur le mont Alverna (La Verna) en 1224, lorsque François reçut les stigmates.Il a été présent auprès de François durant sa dernière maladie, en tant qu’infirmier et soutien.
La relation entre François et Léon était particulièrement intime et profonde, un document notamment subsiste de cette relation, extrêmement touchant :
- Dans une lettre adressée à Frère Léon, François s’exprime avec une tendresse remarquable : « Frère Léon, ton frère François te souhaite salut et paix. Mon fils, je te parle comme une mère à son enfant. » Cette formulation révèle la nature unique de leur relation, où François adopte une posture maternelle envers son disciple. Cette lettre est connue sous le nom de « billet à frère Léon »
- Après avoir reçu les stigmates à La Verna, François écrivit une bénédiction personnelle pour Frère Léon, lui demandant de la conserver jusqu’à sa mort. Le document est d’autant plus précieux que François y apposa sa signature en dessinant un Tau dans le nom de Frère Léon. Léon lui-même annota ce document pour confirmer son authenticité. Cette bénédiction est écrite au verso du « billet à frère Léon ».
Après le décès de François en 1226, Frère Léon devint l’un des gardiens fervents de son héritage spirituel. Il défendit la pauvreté de manière intransigeante, entrant en conflit avec ceux qu’il considérait comme des traîtres à l’idéal de François, alors même que certains frères voulaient l’assouplir. Léon se retira alors dans un ermitage de l’ordre. Il resta proche de sainte Claire d’Assise et assista à sa mort en 1253. Il mourut à la Portioncule le 15 novembre 1271, à un âge très avancé, et fut enterré dans la Basilique Saint-François d’Assise, non loin de frère François.
Frère Léon a joué un rôle crucial dans la préservation et la transmission de la mémoire authentique de François. Trois œuvres lui sont attribuées, ou associées :
- La « Compilation d’Assise » (anciennement « Légende de Pérouse »)
- La « Légende des trois compagnons »
- Le « Speculum perfectionis » (Miroir de perfection)
Frère Léon incarne la figure du disciple fidèle qui, par sa proximité avec François d’Assise, est devenu le gardien et le transmetteur de sa vision originelle. Sa relation privilégiée avec François, sa défense acharnée de l’idéal de pauvreté et ses contributions littéraires font de lui un témoin crucial pour comprendre l’authenticité du message franciscain. Plus qu’un simple scribe, il fut le confident, l’ami et le fils spirituel de François, préservant avec dévotion l’héritage du Poverello pour les générations futures.
Billet à frère Léon
Frère Léon, salut et paix de ton frère François.
Je te dis ainsi, mon fils, comme mère, que toutes les paroles que nous avons dites en chemin, je les dispose et conseille brièvement en ce mot — et il ne faut pas venir à moi pour un conseil, car je te conseille ainsi : de quelque manière qu’il te semble meilleur de plaire au Seigneur Dieu et de suivre ses traces et sa pauvreté, faites-le avec la bénédiction du Seigneur Dieu et mon obéissance
Et s’il t’est nécessaire que ton âme revienne à moi pour une autre consolation, et si tu veux, viens.
Bénédiction à frère Léon
Que le Seigneur te bénisse et te garde ; qu’il te montre sa face et soit miséricordieux pour toi.
Qu’il tourne son visage vers toi et te donne la paixQue le Seigneur te bénisse, frère Léon.
Article rédigé par sœur Pascale BONEF